Culture, où est-tu ?

La maison des jeunes est soumise, comme toutes ASBL, à des exigences légales que l’on peut retrouver dans un décret datant de l’année 2002. Celui-ci stipule, entre autres choses, de favoriser les activités culturelles prioritairement avec des jeunes entre 12 et 26 ans.

Si aujourd’hui la maison des jeunes semble susciter à nouveau l’intérêt de beaucoup d’ados du quartier, il est certain que ceux-ci préfèrent une bonne partie de foot qu’une répétition de théâtre. Soyons clair, la MJ est plutôt le terrain de jeux des gouailleurs du quartier, ce qui n’est certainement pas pour nous déplaire. Chacun doit bien trouver sa place, non ?

Vous l’avez compris, il n’est pas facile d’attirer notre public à participer de près ou de loin à une quelconque animation culturelle. Alors quoi ? On arrête ? On ferme la boutique ?

Nous n’en sommes pas encore là et des choses existent, rassurez-vous ! L’atelier théâtre par exemple, qui depuis un an déjà, alterne les séances d’écriture avec des lectures vivantes et des mises en scène en vue d’un futur spectacle. L’atelier custo est un autre exemple d’atelier qui fonctionne bien. C’est même celui qui tourne le mieux pour l’instant. Il rassemble une dizaine de filles qui peuvent non seulement découvrir les techniques de couture à la machine, mais aussi l’art de la récupération de vieux vêtements et de vieux tissus pour leur donner une seconde vie. Récemment, les filles ont dû s’intéresser aux tenues d’antan pour préparer le défilé de mode prévu à l’occasion du spectacle de la Saint-Nicolas.

Ces ateliers fonctionnent pour l’instant mais sont forcément tributaires des gens qui le font vivre. Ils peuvent, dès lors qu’une activité concurrente prend le dessus, disparaître du jour au lendemain.

Tout au plus pouvons nous rappeler l’importance de l’engagement et de la parole donnée.

En cas d’échec, on se dit qu’on recommencera plus tard… À partir de zéro ! Comme si il n’y avait rien eu du tout ! Ça fait partie du jeu.

Pourtant nous essayons le plus souvent possible de faire en sorte qu’un maximum d’activités viennent du souhait de ces jeunes que nous côtoyons au quotidien. D’ailleurs, un conseil des jeunes se réunit plus ou moins régulièrement pour prendre la température et donner la parole à tous. Mais encore une fois l’espoir d’un projet un tantinet plus culturel s’avère compliqué et surtout ne reflète pas les envies.

Alors ? La boucle est bouclée ?

Tout simplement faut-il considérer que nous accueillons en majorité des jeunes qui n’ont pas grandi dans un environnement curieux de tout, capable d’éveiller chez eux un minimum d’intérêt pour d’autres formes d’activités, en particulier culturelles.

On peut considérer que ce rôle nous serait dévolu, pourquoi pas ? Finalement, c’est pas plus mal que d’être celui qui suscite la curiosité, l’ouverture à autre chose. Ça nous convient bien !

Concrètement, ça veut dire qu’il faut nous accorder des temps spéciaux afin de nous rapprocher le plus possible de ce rôle. Dès lors, nous avons décidé de consacrer les vacances de la Toussaint et celles de Carnaval exclusivement aux jeunes à partir de 12 ans, en proposant des moments d’animations qui marient sport et culture. L’air de rien, en passant, peut-être raviverons nous cette curiosité indispensable à un meilleur épanouissement.

La phase test a eu lieu avec les récentes vacances de la Toussaint, rebaptisées semaine des « saveurs d’ici et d’ailleurs », pour la circonstance. Quinze ados entre 12 et 18 ont participés aux activités proposées.

Au menu de la semaine : un « jeux d’épices à vélo », comprenez un jeu de piste à vélo autour du thème des épices; une épreuves de « top chef » ou comment deux équipes essayent de se distinguer d’un jury par leur savoir-faire culinaire; un autre grand jeu justement appelé « fetabouf », où chacune des équipes devaient composer un menu avec une liste d’ingrédients obligatoires.

La journée qui a le plus marqué les esprits est celle où nous avons accueilli un couple de Kabyle, Ourida et Karim, venu nous montrer comment faire les délicieux beignets berbères. Mes amis ! Une tuerie ces beignets.
Vous imaginez bien que cette rencontre a été très enrichissante pour tout le monde, accompagnée de questions de part et d’autre. Un vrai échange culturel.

Voilà donc une première expérience qui espérons le, aura titillé et donné l’envie de la prolonger à l’occasion des vacances de Carnaval.

Sinon, on se dit qu’on recommencera plus tard… À partir de zéro ! Comme si il n’y avait rien eu du tout ! Ça fait partie du jeu.

Philippe