Il y a presque un an, nous passions les vacances d’automne à Gesves, un petit village pas très loin de Namur. Dès les premiers pas franchis à l’intérieur du gîte, je savais que nous serions bien. Il y a des endroits comme ça qui mettent à l’aise dès le premier abord. Il donne le sentiment d’y être déjà venu. Peut-être dans une autre vie, allez savoir ! Quoi qu’il en soit, il répondait tout à fait à nos attentes.
Cette semaine de vacances allait nous réunir, jeunes et animateurs, autour du thème de la citoyenneté. Ha ! La citoyenneté ! C’est une notion très à la mode dans le milieu associatif, plus encore dans les maisons de jeunes puisque qu’elle est une des priorités d’action du décret qui régit notre secteur. Nous nous devons de proposer des animations socioculturelles qui pourraient aider nos jeunes à devenir des C.R.A.C.S., entendez des « Citoyens Responsables Actifs Critiques et Solidaires ». Rien que ça !
Selon la législation, nous devenons tous des citoyens dès notre naissance, en tous cas lors de notre inscription au registre de la population. Nous comptons alors parmi les citoyens de notre commune et, par extension, de notre pays. À ce titre, nous avons des droits, en lien avec la déclaration universelle des droits de l’homme, mais aussi des devoirs, souvent le respect des règles !
Si la juridiction nous confère effectivement ce statut de citoyen dès la naissance, nous sommes encore loin de la personne responsable, active et critique que nous sommes sensés devenir ! Que de chemin encore à parcourir !
À la maison des jeunes, nous savons que faire partie d’un groupe ou d’une collectivité, et d’y associer des actions pour le bien de tous n’est pas la plus facile des démarches.
Pour cette raison, nous avons voulu lors de cette semaine, proposer des activités sur un des aspects de la citoyenneté : le « vivre-ensemble ». À travers diverses animations, il s’agissait pour les participants de se situer dans le groupe, d’aller à la rencontre d’autres personnes, et de participer de manière réfléchie à la vie collective l’espace d’une semaine. Un camp n’est-il pas le cadre idéal pour aborder cet aspect ?
Premier repas de midi ensemble, et donc première confrontation au vivre-ensemble… J’annonce : « la vaisselle ». Bon ! Là ! Systématiquement il y a toujours les volontaires, ceux pour qui ça ne dérange pas; et puis les autres, les « houdinistes », en référence au magicien du même nom. Comme lui ils peuvent disparaître subitement ! Comme par enchantement ! Ils réapparaissent d’ordinaire quand la corvée est finie, frappés d’une amnésie profonde et irréversible. Et puis il y a aussi les mecs qui sont pris d’une colique subite « que-ça-peux-pas-attendre-ou-alors-aux-risques-et-périls-des-personnes-proches ». Les plus doués d’entre eux arrivent même à prendre une belle teinte pâle pour faire vrai. Pour le coup l’animateur ne prend pas de risque inutile et, dans le doute…
Belle entrée en matière pour un camp citoyen, n’est-ce pas ?
Il était temps de réunir tout le monde pour une description très précise du déroulement de la semaine, avec le fil conducteur qui allait lier une grande partie des animations. Un tour de table a permis à chacun de nous éclairer sur sa perception de la citoyenneté. Quels étaient les mots qui, pour lui, pouvaient la définir.
Tous ont pu alors comparer leur vision avec un texte qui reprenait les principaux axes qui font de nous des citoyens. Nous avons récolté les mots que chacun a pu retenir de ce texte. Le but ? Essayer de les mettre en application durant la semaine.
Dans le même ordre d’idée, nous avons proposé que tous les soirs, chacun note sur une feuille punaisée sur un des murs du gîte, un mot ou une phrase qui, pour lui, résumait sa journée, en rapport avec le thème.
La mayonnaise semblait prendre et nous avons embrayé avec un petit jeu pour apprendre à mieux se connaître. L’animateur a formé des couples avec les personnes présentes, évidemment des paires qui ne se seraient jamais formées naturellement ! Le but du jeu était que ces duos éphémères apprennent à se connaître en discutant et en se posant un maximum de questions pour savoir ce que chacune des personnes formant le couple pensait de ceci, de cela, ou encore que ferait-il dans telle ou telle situation ? Pour le meilleur et pour le pire évidemment !
L’un n’empêchant pas l’autre, nous avons profité d’une météo exceptionnelle en ce premier jour des vacances d’automne pour aller marcher dans les environs et découvrir cette belle région. La moiteur de ma chemise n’a pas contredit les vingt-deux degrés affichés au thermomètre du village !
À notre retour, la seconde partie du jeu… ou chacun devait deviner les réponses de sa moitié face à certaines situations proposées par l’animateur.
Tout le reste de la semaine, nous avons multiplié les échanges, que ce soit avec les jeunes de la MJ de Havelange ou avec la population de Namur, pour entendre d’autres avis sur la citoyenneté et observer les comportements citoyens de la population.
À la fin du camp, la feuille affichée au mur était remplie des mots de chacun. À les relire ensemble, il a été facile de se souvenir exactement de ce que nous avions fait. Nous, animateurs, avons bien sûr souhaité que chacun donne son avis et ses impressions personnelles sur la semaine passée ensemble.
Donner son avis, n’est-ce pas déjà commencer à devenir un C.R.A.C.S ?
Philippe